Les labels des vins naturels / vin nature

Comment savoir qu'un vin est vraiment "nature" ?

Il aura fallu des années de controverse et de lutte pour que les vins nature obtiennent enfin une reconnaissance officielle. Car jusqu'en 2020, l'INAO (Institut National des Appelation d'Origine) interdisait, bec et ongle, l'utilisation des appelations "vin nature" et "vin naturel".

- Nos vins sont différents, disaient les partisans du vin nature, donnez-leur un label !

- Impossible de les appeler "nature" rétorquait l'INAO, cela ferait penser que les vins conventionnels ne le sont pas...

On laissera à d'autres le débat de savoir si les vins biberonnés au glyphosate peuvent encore être qualifiés de "naturels". Toujours est-il que le débat a été tranché, et un nouveau label créé en 2020, accompagné d'une certification. On parlera désormais de “vins méthode nature”. Ce label, reconnu par la Direction Générale de la Concurrence, de la Consommation et de la Répression des Fraudes correspond à un cahier des charges simple et clair. Ce label étant fort récent, peu de vignerons l'ont obtenu à ce jour. Mais il résume bien l'esprit des vins nature.

Le cahier des charges des vins nature

 

Des désignations indirectes

Face au vide règlementaire qui a présidé pendant si longtemps au destin des vins nature, les étiquettes et contre étiquettes ont vu fleurir des désignations plus ou moins indirectes.

• sans sulfites ajoutés,
• vin vivant,
• vin sans intrants,
• etc..

Ces désignations recouvrent une grande variété de pratiques. Des vignerons scrupuleux qui pratiquent l'agriculture biologique et vinifient sans intrants, comme ceux que l'on trouve au Placard à Pinard...  Mais aussi des négociants peu soucieux de la qualité de leurs produits et qui sortent des crus "sans sulfites ajoutées" qui n'ont rien de "nature" et ne sont bien souvent même pas issus de l'agriculture biologique. Ils jouent pour cela essentiellement sur deux procédés.

La microfiltration | Comme pour le lait microfiltré, plus connu, ce procédé permet d'extraire du vin les bactéries et les levures qui risqueraient de nuire à sa conservation. Il devient certes inutile de rajouter des sulfites, mais le vin qui en résulte est tout sauf "vivant". Rien à voir avec ce que les puristes appellent un vin nature.

La flash pasteurisation | Comme pour le lait une fois de plus, le vin est chauffé quelques fractions de seconde à une température suffisante pour tuer les bactéries et les levures. Il devient un produit inerte, sans sulfites ajoutées, avec parfois ce petit goût de caramel caractéristique, comme dans le lait UHT. 

Etrange conception du vivant...

Afin de donner un gage de leurs sérieux, de nombreux "vignerons nature" ont obtenu l'une ou l'autre des certifications agriculture biologique, biodynamie, etc. D'autres mettent en avant leur adhésion à l'Association des Vins Naturels (AVN), dont le cahier des charges, très proche de celui des Vins Méthode Nature n'avait pas à l'époque été reconnu par la DGCCRF... D'autres enfin n'ont pas la volonté ou pas les moyens de se faire labéliser (la démarche est onéreuse et prend du temps) et se contentent de mettre en avant leurs méthodes ancéstrales, labour des parcelles avec un cheval, etc.

Les certifications agriculture biologique

 

Le cahier des charges des Vins Méthodes Nature

Il est décliné en 12 engagements simples et clairs.

1• 100% des raisins (de toutes origines : AOP, Vin de France, etc.) destinés à un vin qui se revendique « Vin méthode nature » se doivent d’être issus d’une agriculture biologique engagée et certifiée (Nature & Progrès, AB, ou 2e année de conversion AB à minima).

2• Les vendanges sont manuelles.

3• Les vins sont vinifiés uniquement avec des levures indigènes.

4• Aucun intrant n’est ajouté.

5• Aucune action de modification volontaire de la constitution du raisin n’est autorisée.

6• Aucun recours aux techniques physiques brutales et traumatisantes (osmose inverse, filtrations, filtration tangentielle, flash pasteurisation, thermovinification…) n’est permis.

7• Aucun sulfite n’est ajouté avant et lors des fermentations (possibilité d’ajustement – de l’ordre de S02 < 30 mg/L H2S04 total, quels que soient la couleur et le type de vin – avant la mise ; obligation d’adjonction de sulfites mentionnée sur l’étiquette via un logo dédié).

8• Lors d’un « Salon des Vins méthode nature », les vignerons comme les organisateurs s’engagent à présenter la charte à côté des bouteilles ; leurs cavistes indépendants sont encouragés à faire de même, dans la mesure du possible, au sein de leur établissement.

9• Utilisation d’un logo d’identification.

10• L’engagement se fera lors de la mise en « commercialisation » (obligation de résultat) par une « déclaration sur l’honneur », faisant suite à l’avis du bureau du Syndicat ; il sera demandé chaque année pour chaque cuvée (lot clairement identifié).

11• Les cuvées non « Vins méthode nature » doivent être clairement identifiables (étiquetage différencié) chez les signataires.

12• Les signataires s’engageront en leur nom propre et toutes les informations demandées seront mises en ligne