Terroir, terroir, terroir ! Les oenologues n'ont que ce mot à la bouche ! Bordeaux, Bourgogne, Champagne, Languedoc ... Le terroir exerce une influence directe et prépondérante sur la qualité des vins.
Et comme nous le rappellent Claude et Lydie Bourguignon, le terroir, ce n'est pas seulement la qualité géologique des sols ... Mais aussi le soin cumulatif qu'on leur a apporté au fil des générations pour en faire des milieux vivants et riches qui favoriseront la culture de vignes saines et de raisins capables de devenir des grands crus...
A quoi ressemble donc un terroir propice à la biodiversité et à la qualité gustative du vin ?
Petite visite guidée dans les vignobles de l'Hérault...
Quelles belles rangées de vignes ! Impeccablement alignées. Le vert des ceps tranche remarquablement avec les couleurs claires et chatoyantes des pierres sous jacentes. Le tout respire l'ordre, la propreté, le soin. Remplissez vos poumons chers amis touristes ! Vous êtes loin de Paris et ici la nature se livre à vous dans ce qu'elle a de plus beau ! Et l'on imagine volontiers, face à une esthétique aussi remarquable, que le vigneron qui est capable d'une telle oeuvre d'art produit un vin hors du commun...
Hélas, l'aspect "carte postale" de cette vigne ne résiste pas à l'analyse. On a ici affaire à un vignoble conventionnel (non bio) dont l'aspect impeccable résulte de l'utilisation combinée de produits chimiques (herbicides) et de labours.
En sous sol, la terre est probablement "morte". C'est à dire destructurée, privée des insectes, microbes et champignons qui devraient naturellement l'habiter et participer à l'alimentation de la vigne. Et tout cela risque d'avoir des répercussions négatives sur les qualités gustatives du vin.
Paysage lunaire ci-contre... Et ce qui capte immédiatement l'attention, ce sont tous ces brins d'herbe couleur cendre. Y aurait-il eu une sécheresse qui n'aurait ciblé que l'herbe, alors que la vigne s'en serait sortie comme par enchantement ?
Magie en effet que ce paysage légué par le glyphosate ou l'un de ses alter ego. La chimie à tué toutes les plantes à la seule exception de la vigne. Et cette couleur grisâtre n'a rien de naturel.
Espérons que le produit utilisé n'affectera pas trop le goût du vin (cf. l'excellent petit livre sur le goût des pesticides). Et que les résidus de pesticides ne seront pas nuisibles pour la santé des consommateurs...
Ça part dans tous les sens sur cette parcelle. Les herbes sont complètement folles et la biodiversité à son maximum... Logique puisqu'il s'agit d'une vigne déjà abandonnée depuis au moins 2 ou 3 ans. Ce qu'on reconnaît à plusieurs signes :
• Les vignes n'ont pas été taillées. Elles ont donc produit des rameaux à la fois longs et fins, qui seront peu porteurs de fruits. L'absence de taille va, a terme, fragiliser la vigne qui sera condamnée à mourrir de sa belle mort.
• On remarque la présence d'arbustres qui poussent déjà dans la parcelle et vont bientôt dominer la vigne, la privant de lumière.
Une parcelle de ce type ne produit guère de raisin. Et le peu qu'il y aura sera globalement impropre à la vinification. A ne pas confondre donc avec une vigne bio !
Les vignes ci-contre sont effectivement en bio. Et là aussi, c'est plutôt net et joli, mais à grand renfort de labour. L'intercep est passé autour des pieds pour dégager l'herbe et les adventices. L'espace entre les rangs a été fraichement labouré. Une stratégie efficace et 100% bio, mais intensive en énergie.
Une stratégie donc coûteuse, tant pour le vigneron que pour l'environnement. Et qui réduit fortement la biodiversité autour des ceps de vigne, puisque (1) la végétation est de facto réprimée au pied des ceps et (2) les labours destructurent le sol en permanence.
La parcelle ci-contre est cultivée en bio. Et la stratégie adoptée a été de favoriser un enherbement homogène et contrôlé au pied des ceps. L'herbe est simplement tondue une ou plusieurs fois par an, ce qui limite la prolifération des plantes sauvages et évite de labourer le sol.
L'absence de labour et la présence de matière organique qui se composte sur place (herbe) contribue à la richesse organique du sol, et donc par ricochet à la richesse aromatique du vin.
Une stratégie probablement plus complexe à mettre en oeuvre que le tout labour, mais 100% payante d'un point de vue de la qualité du vin.
La vigne ci-contre est cultivée en biodynamie depuis déjà longtemps... Très peu d'interventions donc du vigneron, à part celles qui visent à limiter la hauteur de l'herbe. Et une grande biodiversité dans les plantes que l'on croise au pied des ceps...
Cette riche biodiversité se traduisant à la fois par la présence de nombreux insectes bénéfiques pour la vigne (coccinelles, etc.) et par une gamme aromatique plus ample, les jeunes ceps étant exposés à de nombreuses plantes méditerranéennes odorantes qui viendront nourrir leurs propres arômes, et donc ceux du vin qui en sera fait ultérieurement.
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