Échange de bons procédés entre le Languedoc et la Bourgogne. Nous sommes arrivés à Meursault avec un carton chargé de vins nature du sud, dont l’excellent Muscat de Mireval L’Originel, et le vin rouge des Corbières Confession. Accueillis à bras ouvert par Saki que nous connaissions déjà et son compagnon Renaud Boyer, nous n’avons pas eu le temps de dire […] Accueillis à bras ouvert par Saki que nous connaissions déjà et son compagnon Renaud Boyer, nous n’avons pas eu le temps de dire ouf que le même carton était déjà rempli de crus nature bourguignons et remisés dans notre coffre.
-Un petite visite de la cave, demanda Renaud, une lueur de malice dans les yeux ?
Et le voilà qui nous équipe de verres, saisit une pipette, et nous sommes partis à la découverte de ses vins nature de Bourgogne, sans sulfites ni levures ajoutés, qui s’élaborent tranquillement dans une ancienne cave voûtée, à quelques mètres sous terre. Tonneaux neufs, tonneaux anciens, (les plus vieux ont 11 ans), pinots noirs rouges issus de parcelles chaudes ou de parcelles froides, chardonnays blancs plus secs ou au contraire plus sucrés… Il s’agit de la récolte 2017, vendangée à peine 6 semaines auparavant. Et déjà nos papilles s’émerveillent face à mille arômes nouveaux. Car ces vins sont incontestablement différents de ceux du Sud de la France mais ils diffèrent aussi des Bourgognes traditionnels dont nous avons l’habitude. Et si les rouges sont encore trop jeunes pour se faire une idée de leur qualité définitive, les blancs sont d’une densité et d’un éclat incomparables. On n’en attendait pas moins de vins nature de Bourgogne.
-Qu’est-ce que les gens de Meursault pensent de tes vins nature, je demande un peu plus tard à Renaud, qui est issu d’une longue lignée de viticulteurs ?
-Que je suis un extraterrestre, murmure Renaud avec un petit sourire en coin. Le changement n’a pas l’air trop prisé dans ce petit coin de paradis. Et cette impression d’extra – terrestréité est confirmée le lendemain lorsque nous demandons à plusieurs magasins de vins prestigieux à Beaune s’ils ont des vins nature de Bourgogne. Ils répondent prudemment que non, qu’il y a très peu de monde qui maîtrise l’art des vins nature sur ce terroir. Et que d’ailleurs ils doutent fortement de la stabilité de ces vins dans le temps.
-Bien au contraire rétorque Renaud. Les sulfites ralentissent le vieillissement du vin pendant les 3 ou 4 premières années. Mais ils accélèrent sa dégradation ultérieure. Si l’on compare les vins conventionnels et les vins nature au bout de 10 ans, le vieillissement est à peu près le même.
Au moment de repartir, nous demandons innocemment à Renaud s’il peut nous céder quelques bouteilles. Et là nous sentons un petit flottement, une gêne presque. Renaud se gratte le front, hésite, réfléchit, monte sur un casier métallique, compte des bouteilles et revient l’air soulagé. Il lui reste 9 bouteilles de sa récolte 2016 et il peut nous constituer un carton de 6 avec du Puligny-Montrachet 2016 et du Bourgogne 2016 !
Il nous explique que sa production 2016, à peine mise en bouteille est déjà intégralement vendue. Le Japon et le Danemark sont ses plus gros acheteurs car les vins naturels y sont très prisés. Et les vins nature bourguignons si rares…
Voilà au moins qui est clair : la rareté fait la valeur et le commercial n’est pas un souci. Nous regardons Saki essuyer chacune de nos bouteilles une à une avant de coller les étiquettes. Originaire d’Osaka au Japon, Saki a le geste précis et l’obsession de la qualité. Deux qualités indispensables pour réussir des grands vins naturels.
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