Pour ou contre les vins nature !
Les vins naturels sont clivants. ils ont leurs inconditionnels mais aussi leurs détracteurs, que cela soit chez les professionnels (cavistes, vignerons, coopérateurs...) comme chez les consommateurs.
Etes-vous plutôt pour, ou plutôt contre les vins naturels ? Lisez les arguments ci-dessous !
Les inconditionnels des vins nature
Ceux qui aiment les vins nature ont tendance à le dire haut et fort...
- Ils aiment le goût des vins nature, à condition de bien les sélectionner bien sûr (comme pour tous les autres vins). Arômes éclatants, fruit, énergie, impression que “le vin vous réveille”, complexité, etc
- Ils trouvent les vins naturels différents, plus intéressants, plus variés, plus complexes d'un point de vue aromatique, souvent plus longs en bouche et moins stéréotypés.
- Ils apprécient l'effet santé : pas de maux de tête, bien meilleure digestibilité.
- Ils veulent encourager les modes de culture écologique. Ils sont conscients que la viticulture biologique a un bien meilleur effet sur l'environnement que la viticulture conventionnelle. ils citent volontiers les chiffres alarmants relatifs.
Du côté des professionnels, d'autres arguments se rajoutent à la liste.
- La santé des vignerons et de leurs proches. C'est l'argument numéro 1 évoqué par de nombreux vignerons. Ils ont souvent vu plusieurs de leurs proches tomber malades à un âge précoce dans les villages viticoles. Et bien que les officiels se soient évertués à nier tout lien entre produits phytosanitaires et cancers, ils ne veulent plus manipuler des produits qu'ils considèrent comme dangereux.
- La biodiversité. Terre meuble et aérée, papillons, oiseaux, insectes, couvert végétal, limaces, escargots du côté des vignerons en bio, biodynamie et naturel. Terre dure, compacte et nue du côté de la viticulture conventionnelle.
- Le coût des traitements chimiques. Les critiques envers le vin naturel pointent avec raison que les rendements y sont souvent très inférieurs à ceux de la viticulture conventionnelle. Oui répondent les vignerons concernés, mais nos vins se vendent plus cher et nous ne subissons pas le coût des traitements. Bien sûr, se passer de la chimie dans la vigne implique un "coût" plus élevé en terme de main d'oeuvre (une présence plus fréquente dans les vignes, du personnel qui travaille dans la vigne, là où dans les domaines conventionnels, c'est la machine qui remplace l'homme (vendange, pré-taille). Au final, ils pensent donc s'y retrouver.
- La liberté d'entreprendre. Expérimenter, innover, tester, se libérer des carcans et des contraintes de culture, de procédés, de goût. Le vin naturel est souvent considéré comme un espace de liberté à conquérir par les vignerons qui se soustraient ainsi à certaines de pesanteurs de leur profession.
Les détracteurs des vins nature
Les détracteurs des vins nature sont puissants. On les trouve en nombre parmi les membres du grand public et des amateurs de vin qui avancent volontiers les arguments suivants :
- Les vins nature ne sont pas forcément bons. Tout est un affaire de goût et de palais. Depuis presque 1/2 siècle, notre goût a été totalement formaté aux vins conventionnels. Il faut savoir, qu'aujourd'hui, dans la plupart des domaines viticoles, ce sont les oenologues, munis de leurs catalogues de levures et autres intrants, qui ont habitué et imposé le goût du vin aux consommateurs. Levures arômatiques pour donner tel ou tel arôme et goût aux vins, copeaux de bois dans les cuves pour un aspect "vieilli en fût" sont légion et masquent les arômes naturels du raisin et les aspects uniques du terroir. Du coup, lorsqu'un "non initié" goûte un vin nature, il est souvent très surpris du nez, des arômes et de l'aspect gustatif. Les vins nature expriment le terroir, ils ont "l'accent" du sol qui a porté et nourri la vigne. Plus authentiques que les vins conventionnels, ils surprennent et il n'est pas rare, lors de dégustations, d'entendre les consommateurs dire "ce vin ressemble à celui que faisait mon grand-père".
- Il y a moins de choix en vins nature qu'en vins conventionnels. C'est une évidence, et les vins nature ne représentent à l'heure actuelle que quelques petits % du marché. Petites surfaces, petits rendements, limitent la proportion des vins naturels par rapport aux vins conventionnels ou même bio.
- Certains des meilleurs crus ne sont pas des vins nature. Cet argument est à double tranchant. En effet, le marketing des grands crus obéit à des logiques spécifiques et les grands crus ne s'affichent souvent pas en tant que vin bio, biodynamique ou nature, alors qu'ils le sont. Prenons pour exemple Chateau Pontet Canet et Romane Conti, tous deux en biodynamie (donc pas tout à fait nature, mais presque...).
- Les vins nature sont bobo, écolo, et donc idéologiquement à coté de la plaque. Argument pertinent mais en partie faux puisque le vin nature s'il se vend beaucoup dans les quartiers bobo des grandes villes, se développe de plus en plus dans les petits villes, voir dans les villages, comme c'est le cas chez nous à Vic la Gardiole au Placard à Pinard.
En plus des arguments ci-dessus, les professionnels du vin, patrons de caves coopératives, responsables d'appellation contrôlée, professionnels établis développent des arguments qui répondent à leurs enjeux propre. Sans doute la popularité des vins nature représente une remise en question de leurs pratiques culturales et oenologiques.
- Le vin nature n'est pas plus naturel que les autres vins, puisque tous les vins font appel à la nature... De ce fait l'INAO interdit d'apposer les "vins natures" et "vins naturels" sur les étiquettes et contre étiquettes. On les comprend puisque l'appelation "vin nature" suggère indirectement que les vins conventionnels seraient ... "artificiels" ? "Chimiques" ? Cette question de comment appeler les vins natures n'est pas encore définitivement tranchée. Certains ont suggéré "vins vivants". Oui mais alors, que sont les vins conventionnels ? Des vins morts ?
- Les vins nature ne répondent à aucune norme. C'est partiellement faux, puisque de nombreux vignerons qui produisent des vins natures ont une certification bio ou biodynamique. D'autres ont produit leur propre charte, comme l'exemple donné ci-dessus. Mais il est exact qu'il n'existe pas encore à ce jour de label officiel spécifique aux vins natures. Et que de nombreux vignerons préfèrent se sentir libres et vendre en "vin de France" plutôt que de se soumettre à une certification.
- Les résidus de pesticides dans le vin ne poseraient aucun problème sanitaire. La présence de ces résidus (traces de glyphosate par exemple) n'est pas niée, mais il est allégué qu'à des doses aussi faible, cela n'a aucun effet. Faux rétorquent de plus en plus de scientifiques qui remettent en cause les études réalisées il y a 20 ou 30 ans, qui auraient négligé de nombreux impacts sur la santé humaine et sur l'environnement. A titre d'exemple, la Revue des Vins de France a produit de nombreux articles à ce sujet.
En conclusion
On peut emmener un âne à la rivière, mais on ne peut l'obliger à boire, dit le dicton. De toute évidence, puisque le Placard à Pinard vend des vins nature, c'est qu'ils sont appréciés de la clientèle et de la caviste ! Nous comprenons toutefois que les vins nature puissent paraître étranges à de nombreux clients car ils sont effectivement différents. Nous ne sommes pas non plus sectaires et nous pensons qu'il est important que chacun puisse boire - avec modération - les vins qu'il trouve à son goût.
Ceci étant, et à plus long terme, nous souhaitons souligner que les vins nature ne représentent qu'un retour à l'équilibre ancestral qui prévalait avant la viticulture chimique. Et que dans l'optique d'une préservation de la biodiversité et de la santé humaine, les études scientifiques sont de plus en plus nombreuses à montrer que la viticulture chimique s'est elle-même condamnée, ne laissant que les vins biologiques et nature comme voie porteuse d'avenir.