Le vin naturel à la fête au Japon
Le Japon réserve de nombreuses surprises viti-vinicoles, tant la culture du vin y prend des chemins inattendus. C'est ainsi que la grande chaine de télé privée Asahi TV diffuse le lendemain du réveillon une émission de dégustation à l'aveugle. Starlettes, rock-stars, acteurs et autres célébrités doivent distinguer un vin à un million de yens (900 €) d'un vin à 1000 yens (9€). Tâche pas si aisée qu'il y parait et nombre sont ceux qui n'y parviennent pas. On demande au rockeur Yoshiki, qui a trouvé du premier coup, ce qui l'a motivé à choisir la bonne réponse. Il réfléchit longuement et répond :
- Ce vin là, (il désigne le vin A, nous apprendrons plus tard qu'il s'agit d'un monton Rotschild de grande année), ce vin là avait des arômes plus profonds et m'a raconté une histoire plus intéressante que l'autre.
Le public applaudit et personne n'a l'air surpris qu'un rockeur se mette à l'écoute d'un grand cru.
Quelques jours auparavant, à l'entrée du rayon vins et spiritueux des grands magasins Hankyu à Osaka, le client est accueilli par une table complète de vins naturels, mis à l'honneur pour les fêtes. Pas surprenant, nous expliquent nos amis japonais, le vin naturel est de plus en plus connu et demandé du public. C'est un article en passe de devenir "mainstream" et il est donc logique d'en faire la promotion dans des lieux de grande consommation. Car les vins natures s'associent parfaitement avec la recherche d'authenticité culinaire qui anime la culture japonaise depuis toujours. Des arômes plus bruts, une expression plus fidèle du terroir. Et les japonais, qui détiennent le record de longévité des grands pays industrialisés sont aussi très sensibles à l'argument santé. Moins de sulfites, moins d'intrants, le vin naturel a donc la cote.
Au bout de quelques jours, rien ne nous étonne plus et lorsque l'on pénètre dans un bar à vin assez anonyme de Kamata près de Tokyo, il paraît tout à fait normal que l'établissement nous propose plusieurs vins nature au verre ce jour là. Et d'ailleurs le patron, alerté de la présence de deux étrangers qui s'intéressent aux vins nature, vient illico à notre rencontre. Que savons-nous sur le vin naturel ? Qu'avons-nous débusté que nous apprécions ? Qu'en pensons-nous ? Qu'en pensent d'ailleurs les gens en Europe ? Il est très surpris d'apprendre que la mode du vin nature est beaucoup moins diffisuée qu'au Japon. Et nous sert séance tenante un verre de son vin nature fétiche, un excellent vin orange italien, Altre Terre Trebbiano du domaine Terre Degli Osci. Long en bouche, vivant, minéral avec des arômes d'agrumes qui se marient parfaitement avec les tapas japonais de notre hôte.
On reviendra !
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