Le vin bio, une ascension irrésistible

Evolution de la viticulture bio

Le secteur du bio se développe en France à grande vitesse. Et la viticutre bio ne fait pas exception, avec des taux de croissance supérieurs à 10% tous les ans

La surface de la viticulture bio a quadruplé en 10 ans

Selon FranceAgriMer, les chiffres de la viticulture bio sont impressionnants en France :

  • La surface du vignoble exploité en bio a quadruplé entre 2007 et 2015, atteignant désormais 57000 hectares, soit presque 10% du vignoble.
  • Et bien que la croissance se soit légèrement réduite depuis, elle augmente toujours de plus de 10% par an (augmentation de 17,2 % des ventes de bio entre 2014 et 2015, pour atteindre le chiffre de 670 millions d’euros fin 2015, selon l'Agence Bio).
  • La croissance annuelle du marché français pour le bio est de 20% environ, ce qui est un rythme d'autant plus soutenu que le marché total des vins et lui plutôt en lente régression.
  • Les étrangers sont souvent plus exigeants que les français en matière de vin bio. Ceci est particulièrement vrai de certains pays comme le Japon et la Suède ou le bio est en passe de dépasser le secteur conventionnel. Ce n'est donc pas un hasard si la France exporte 46% de ses vins bios.
  • La viticulture est la locomotive française de l'agriculture biologique, le secteur qui tire le reste de l'agriculture.
  • Le vin biologique séduit plus particulièrement une clientèle plus jeune, plus soucieuse de l'environnement et de sa propre santé.

On est donc assez loin du bio des années 1980, confiné à des produits "santé" dans des boutiques spécialisées. Le bio envahit maintenant les supermarché et génère ses propres circuits de distribution, dont des cavistes spécialisés comme le Placard à Pinard.

Le vin bio s'impose malgré des handicaps apparents

Plus de travail

Premier handicap et de taille, la profession s'accorde à constater que le bio nécessite plus de travail que la viticulture traditionnelle. Certes, on ne compte pas ses heures, comme le disent les vignerons, néanmoins, le bio n'est pas pour eux un choix facile.

Plus cher

Le bio serait par ailleurs plus cher à produire. Gérard Bertrand, le célèbre viticulteur et négociant en vin du Sud de la France pense que le bio lui revient au moins 30% plus cher que le vin conventionnel. Propos à nuancer car Gérard Bertrand vise des marchés de masse, ce qui le met en concurrence frontale avec la viticulture à bas coût. L'écart de prix est sans doute moindre lorsqu'on regarde les domaines moyen et haut de gamme, car le surcroît de main d'oeuvre est compensé par une forte diminution du coût des traitements.

Toujours est il que le tarif du bio est plus élevé que celui des vins conventionnels. Selon l'enquête 2015 de l'IPSOS, les consommateurs sont disposés à payer le vin bio 80 centimes de plus en moyenne par bouteille que le vin conventionnel. Une différence notable quand même.

Une conversion pas si facile

Le bio ne se décrète pas, et la conversion des viticulteurs s'étale au minimum sur 3 années, mais souvent plus, car de nombreux domaines ne convertissent pas l'ensemble de leur production simultanément. Et pendant cette période charnière, il faut sevrer la vigne des produits chimiques, ce qui la rend provisoirement fragile. Maladies, perte de rendement, difficultés à surmonter, la vie du viticulteur est alors particulièrement difficile en attendant que ses ceps développent leurs propres défenses immunitaires.

Le bio, un mouvement de fond pour consommer différemment

Le sondage Agence Bio CSA  montre que le bio correspond à une évolution des mentalités chez les français. Ceux qui consomment bio ... "se posent davantage de questions sur leur alimentation. 1 consommateur bio sur 2 modifie alors ses comportements et leurs habitudes. Ils achètent plus de produits de saison (65%), de produits frais (61%) et s’attachent à éviter les pertes et le gaspillage (58%). Par ailleurs, 45% des consommateurs bio déclarent également passer plus de temps à cuisiner."

Notre expérience en tant que caviste bio révèle aussi chez nos client une recherche de "mieux consommer". On boira peut-être un peu moins, mais des produits plus authentiques, plus proches du terroir, moins normés. De fait la qualité des vins bio a prodigieusement augmenté au fil des décénies. Et le vin bio n'est plus simplement un vin qu'on fait avec moins de produits chimiques, c'est devenu un vin que l'on vinifie différemment, que l'on élève avec un soin particulier et qui trace sa propre voie plutôt que de chercher à clôner les vins conventionnels.

Et le Languedoc dans tout cela ?

Au niveau local, les situations sont nécessairement plus contrastées. Le temps n'est pas si loin où certains milieux viticoles du Languedoc s'insurgeaient contre leurs collègues qui passaient au bio. Pertes de rendement à l'hectare, perte de vitesse des caves coopératives, introduction de maladies dans les vignes ... Le bio était accusé de tous les maux et certains viticulteurs bio de la région ont subi des saccages nocturnes de leurs vignes ! Histoire ancienne maintenant dans le Languedoc où le bio se situe à peu près dans la moyenne nationale avec à peu près 10% des surfaces en bio en 2016 (source Natura Sciences) , encore assez loin derrière Provence Alpes Côte d'Azur, région phare avec 24% du vignoble en bio. Mais loin devant la Champagne, véritable lanterne rouge avec 1,28% du vignoble en bio.

Et le Languedoc se distingue aussi par la présence sur son sol tous les ans du salon Millésime Bio. A Montpellier au début de chaque année, les viticulteurs de toute l'Europe et les acheteurs du monde entier se réunissent pour une grande foire de 3 jours. De quoi booster l'ensemble de la fillière viticole locale au bio.

 

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